(Je ne suis pas une historienne, je ne saurais raconter l’histoire de Mme Margaine Lacroix, je vous conseille donc la conference de Susie Ralph à ce propos )
Au cours de mes recherches sur les robes de Longchamps, j’etais deja tombée sur un de ses articles appellé “Margaine Lacroix and the dresses that shocked Paris” qui montrait une reproduction de la tanagréenne publiée dans “Les Modes” d’octobre 1908.
Si quelqu’un avait réussi à reproduire une robe de Mme Margaine Lacroix, c’est que cela était possible. Pourtant je n’ai trouvé qu’une seule reproduction de robe tanagréenne, Celle montré dans cet article et une interpretation de la scandaleuse robe de longchamp pour un evenement steampunk. Aucune autre reproduction. Pourquoi ? Cette créatrice est-elle donc totalement tombée dans l’oubli ? Ou quelque chose dans ses robes semble trop complexe, trop insurmontable à reproduire à cause du manque de données? Peut etre est ce simplement l’impression du manque de structure comme la tournure ou la crinoline qui fait peur ? Je ne sais pas.
En lisant tous ces articles sur les robes de Longchamp et sur Margaine Lacroix, il est revenue régulièrement que les robes étaient drapées sur le corset fourreau sylphide. Il était indiqué qu’il etait fait en tricot de soie et legerement baleiné. C’est un début, mais ne sachant que cela, on ne peut aller bien loin.
Il n’existe pas d’ouvrages à ma connaissance lui étant dédié, et quasiment aucune de ses robes n’est parvenue jusqu’à nous, alors ne parlons pas de ses corsets. Heureusement, je suis tombée sur la photo du corsage sylphide trouvé dans une brochure sur le site du musée de Varsovie. Cette brochure est une publicité pour le fameux fourreau.
C’est la base sur laquelle les robes sylphide de Mme Margaine Lacroix sont drapées. En l’étudiant, j’arrive à le comprendre. Il est fait en jersey et en regardant attentivement on peut comprendre sa construction. Mais comment sont faites les “jambes” ? C’est la partie la plus intrigante. Je sais que la couture à l’entrejambe n’existe pas, car il fallait bien que la femme qui le porte puisse satisfaire ses besoins naturels. Quant au dos, le laçage est assez bas, mais comment renter dedans. Devait-ont totalement le défaire ? J’aurais pu me contenter d’étudier la photo et sortir une version plus ou moins ressemblante mais… j’ai découvert les brevets de Mme Margaine Lacroix.
Il faut savoir que Mme Margaine Lacroix a travaillé avec Mme Consuelo Fould De Grasse pour réaliser ses robes. Le brevet 391.436 de juin 1908 de sa premiere version du corset fourreau sylphide indique qu’elle exploite le brevet du 24 janvier 1899 de Mme Fould. Ainsi que le système de busc crée pour les corsets “L’ultime” et ‘”L’irresistible” vendus par la societé Gossard aux USA.
Ce système est un busc relié à des passants permettant de se lacer par devant. Une grande révolution. C’est d’ailleurs un des argument des réclames de Gossard ” They lace in Front” Suivant les modèles et les brevets de Mme Fould, il peut y avoir un seul systeme de laçage sur le coté du busc ou deux de chaque coté.
Je soupçonne le corset du Bon Marché de 1904 présenté au Musée du MET sous le nom de l’Irresistible d’etre un corset Margaine Lacroix /Fould, toutefois, plusieurs brevets au busc similaire ont été deposés entre 1902 et 1906.
Mais revenons à notre corset fourreau sylphide. Mme Margaine Lacroix a déposé 5 brevets à son nom et Mme Fould 17 brevets concernant le corset entre 1899 et 1907. La plupart en France mais plusieurs autres en grande Bretagne, aux états unis, en Espagne et en Allemagne. Certains descriptifs de brevets sont introuvable dans les bases de données européennes et les seuls exemplaires des “Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d’invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844“ comportant mention et potentiellement description des brevets de Mme Fould de 1899 ne sont accessibles qu’aux étudiants de l’université de Cornell aux USA.
La description de Mme Margaine Lacroix du brevet de Mme Fould est assez succincte, il est fait mention d’un perfectionnement du “corset corsage” de cette dernière. Mme Fould a déposé un brevet aux USA en 1901 pour un corset Corsage. Je ne peux donc pas affirmer à 100% que le brevet suivant est celui qu’utilisait jusqu’à présent Mme Margaine Lacroix pour ses robes sylphides depuis 1899 mais bien si ce n’est celui là il s’en rapproche beaucoup.
Voyez le baleinage ainsi que le systeme de lacage avant du busc du corset corsage de Mme Fould
Le brevet 391.436 de mme Margaine Lacroix montre un même genre de corset corsage mais moins baleiné. Il est bel est bien fait en jersey de soie.
L’ouverture se fait soit à l’avant, soit à l’arrière. Elle mentionne la possibilité d’utiliser le systeme de busc de Mme Fould ou l’un des siens ( un systement de fermeture à bascule avec laçage lateral) Il est assez interessant de voir qu’il est equipé d’un systeme de jarretelles servant de jambieres. Systeme qui semble etre present dans le schema de Mme Fould. Cela permet de garder la robe en place durant la marche et de garder le vetement bien tendu sur le corps.
Mais le systeme abandonné quelques mois après le dépot de ce brevet car provoquant la gene au bout d’un moment. Et voici donc que Mme Margaine Lacroix a l’idée de remplacer les jarretelles elastiques par un systeme de jambiere avec oeillets et bouclettes pour fixer les bas à la tenue dans son brevet 391 436.
Le dessin est l’exacte reproduction de celui de la photographie de la brochure trouvée au musée de Varsovie. Ainsi donc l’entrejambe est belle est bien “libre” et sans couture.
(Pour la petite anecdote personnelle, après avoir passé des semaines à chercher en vain des informations sur le corset sylphique, je peux vous dire que quand j’ai trouvé ce brevet j’ai emis les mêmes couinements de joie qu’un cochon d’inde tellement j’étais excitée, il m’a fallu au moins une heure pour retrouver mon calme ^^; )
A present que je sais à quoi exactement il ressemble, quel type de busc, d’attache, de tissu, de franges il utilise ….
Je vais pouvoir passer à l’étape supérieure et refaire la fameuse robe de Longchamp… en vert !
Comments