top of page
Photo du rédacteurNylh

Margaine-Lacroix, robes tanagréennes, corset mystère.


Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas historienne du costume. Je n’ai pas cette prétention. Je suis plutôt une colleteuse de données, d’anecdotes, de photos. Mes sources sont quasiment uniquement constitués de documents d’époque, principalement des journaux de modes, des quotidiens ou des essais. Peut être est un bien, peut être est ce un mal, je ne saurais dire. Je lis, je regarde, je coupe, recoupe, compare, déduit de ces documents. Mais il est parfois bien difficile de pouvoir trouver l’information nécessaire lorsque l’auteur d’un article “ne veut pas nous faire l’affront de nous décrire des toilettes que nous pouvons aller admirer par nous même au théâtre cette saison.” Ah, si seulement la machine à remonter le temps pouvait me renvoyer là bas … Et aller secouer ces auteurs ! Ceci étant dit, passons aux choses sérieuses ! Depuis des années je suis obsédée par la rupture de forme dans la silhouette feminine entre 1907 et 1908. De la femme pigeonneuse au corsage très décoré et en volume, on est passé à la femme liane au corsage plus lisse. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui avait provoqué ce changement si radical (façon de parler, évidement, toutes les femmes n’ont pas adopté cette mode). Bien que les couturières parisiennes de l’époque semblaient s’inspirer les unes des autres et que la robe dite princesse semblait faire doucement son chemin, cette rupture me paraissait très soudaine. Je suis alors tombée sur cette photo, représentant trois modèles dans des robes “tellement collantes qu’elles semblaient ne rien porter au dessous”.


L'illustration - 16 mai 1908

Trois modèles portant les créations de Margaine Lacroix aux courses de longchamps – Mai 1908 – photo de couverture de l’Illustration Ce petit “scandale” fit beaucoup de bruit, plusieurs journaux publièrent des articles sur ces femmes, et leur créatrice, Mme Jeanne Margaine Lacroix Pour comparaison, voici une photographie d’autres femmes durant cette même course.


Longchamps - 10 mai 1908 - gallica

A partir de là, bien des élégantes parisiennes se mirent à vouloir porter de telles robes et à créer de petits incidents tant ce type de tenue était osé ( il est rapporté qu’une parisienne à cheval portant une robe sylphide aurait détourné l’attention d’un conducteur, le faisant rentrer dans la voiture de Winston Churchill ). En effet, ces robes étant tellement moulantes, un vrai corset baleiné comme les corset droit de cette époque aurait été visible, ainsi que les nombreux jupons habituellement portés. Mme Margaine-Lacroix est une couturière parisienne qui dès 1899 a commencé à créer des robes dites Sylphide, des robes que l’ont pouvait porter dans corset.


Art et chiffon – novembre 1899 – La robe sylphide

Toute la structure étant cousue à l’intérieur de la robe, de façon à ne pas nécessiter de corset pour modeler le corps de la femme. ( attention, il faut aussi garder à l’esprit que les jeunes femmes de l’époque étaient entrainées à porter le corset depuis leur plus tendre enfance et que leur taille était différente des femmes contemporaines ) Mme Margaine-Lacroix, a depuis 1899, crée plusieurs robes sylphides sans corset, suivant les gouts de la modes, mais cherchant à sublimer le corps des femmes sans leur imposer le rigide corset droit, selon ses propres propos Certaines de ses robes somptueuses étaient drapées sur le corps, donnant une impression de silhouette etherée, liane, leur permettant une meilleure liberté de mouvement. C’est ainsi qu’elle créa le corset sylphide et la brassière sylphide.



Reclame pour le corset sylphide - 1907

Dans le Gil Blas de 1908, concernant les fameuses robes de Longchamps, elle explique elle même que la femme ne portait que deux vêtements, la robe en elle même et un maillot de dessous, légèrement baleiné servant de doublure Les élégantes parisiennes commençant à porter la sylphide ( ou tanagréenne ), voici ce que décrit un article issu des Nouvelles Modes de 1908, une description est faite de ce que portait les femmes en dessous de ces fameuses robes collantes. “L’unique dessous est l’étroit maillot en jersey de soie de la couleur de la toilette. On peut toujours craindre quelque transparence de ces minces étoffes et la maillot rempli l’office de doublure. Comme le moindre pli, la moindre irrégularité intérieure se marque en relief sur l’étoffe, ce qu’il faut éviter à tout prix, certaines femmes suppriment les jarretières et les bas en portant un maillot qui descend à la cheville et par dessus lequel on met comme les hommes des chaussettes de soies de la nuance du jersey” Ca m’a vraiment vraiment intrigué et dérangé beaucoup de certitudes sur le corset de la belle époque. Je suis alors tombée sur cette photographie , qui correspondait à cette même description mais je n’arrivais pas à en trouver la source et à savoir si elle pouvait être attribuée à mme Margaine Lacroix ni de quand il datait.



Corset Mystère - Mme Guillot - 1908

Ce vêtement, m’a fasciné. Qu’est ce que quoi, comment, comment une telle piece pouvait exister en 1900 et des brouettes. Mais de la ténacité et Gallica m’ont permis de trouver son origine. Il s’agit d’un maillot de ville et de théâtre crée par Mme Guillot, une corsetière parisienne, et paru dans la revue Les Modes de juin 1908 (tiens tiens tiens, seulement un mois après longchamps… ). Ce dessous est aussi désigné comme corset mystère, mais il semblerait que ce soit une appellation donnée à plusieurs corsets de Mme Guillot comme son premier brevet date de 1902. Mme Guillot qui a crée des corsets dont certains n’étaient pas baleinés, juste comprimant les formes et laissant liberté de mouvements C’est là que je me suis rendue compte que mon idée d’un corset belle époque, était loin d’être complète. On imagine souvent ce corset comme un corset en S, droit devant qui fait ressortir les hanches, en coutil et très fortement baleiné. J’avais connaissance du corset fourreau, un corset dont les jupons étaient cousus dessus afin de cacher la ligne de taille sous les robes princesse Mais en réalité, une multitude de corset et de “maillots” sont apparus, utilisant des bandes de caoutchouc, des laçages élastiques, moins de baleines ou même …. du jersey et du tricot ! Un corset en tricot ! Voici donc, les premières découvertes de mon exploration de la face cachée du corset de la belle époque. La suite bientôt….

161 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page